
Ce texte est une motion proposée par sud educ 91 et déposée au conseil fédéral de Sud éducation le 27 Novembre 2025.
La région Ile-de-France a récemment débloqué un budget de 37 millions d’euros, consacré à la « sécurisation » des lycées. Depuis lors, on assiste à une accélération inédite du rythme auquel la vidéosurveillance est installée dans les établissements, à l’extérieur comme à l’intérieur, parfois au point de quadriller l’intégralité des « espaces de circulation ».
Cette installation se préoccupe d’ailleurs bien peu des préconisations de la CNIL, pourtant minimes. Ce choix budgétaire est éminemment contestable en regard de l’état du bâti et du manque de personnels, notamment d’éducation, dans la plupart des lycées de la région. La vidéosurveillance a précisément pour but d’y surseoir, en substituant des moyens techniques aux moyens humains. Or son efficacité n’a jamais pu être démontrée objectivement, au point que les municipalités qui en dotent leur espace public se refusent souvent à faire des études sur la question.
De fait, les caméras ont avant tout pour but de rassurer la population, sans cesse assommée par la flambée des discours politiques et médiatiques sur l’insécurité. Les inquiétudes auxquelles elles prétendent répondre sont en réalité renforcées par leur présence, qui entretient cette atmosphère de panique sécuritaire, en nous entraînant dans une logique qui justifiera bientôt la nécessité de leur adjoindre l’intelligence artificielle et la reconnaissance faciale pour les rendre plus efficaces.
Il en résulte pour les publics un climat de méfiance généralisée, qui fait de tout élève un délinquant potentiel, et qui soumet les personnels à un surcroît de supervision, la fin véritable de ces dispositifs étant de disposer l’individu à faire de lui-même son propre surveillant. L’école achève ainsi de sacrifier sa mission émancipatrice sur l’autel de la discipline. Comment ne pas s’en inquiéter dans un contexte de montée de l’extrême-droite ?
Une fois de plus, nous constatons que les politiques néolibérales en cours préparent le terrain au fascisme, non seulement en entretenant ce dont il se nourrit, mais en plus en lui donnant des outils dont il saura se servir à merveille. Dans ces conditions, quelques lycées d’Essonne ont vu leurs enseignants comme leurs élèves se mobiliser sur la question (lycée Henri Poincaré à Palaiseau, lycée François Truffaut à Bondoufle, … etc.). Il nous semble important de s’opposer à cette décision de la région Île-de-France, de soutenir toutes les luttes qui visent à empêcher la normalisation de ces dispositifs, et de rappeler qu’ils demeurent sujets à des résistances, trop souvent effacées par la banalisation de l’idéologie sécuritaire.
Quelques articles de presse à ce sujet ci-dessous.
Attention, ces deux premiers articles font mention d’événements difficiles survenus en juin 2025 :
- Attaques au couteau : beaucoup de bruit, peu de moyens
- Surveillante tuée au couteau par un élève : l’Éducation nationale impuissante face à des drames en série
Articles plus descriptifs que critiques :
- Une brigade de sécurité déployée dans deux lycées de l’Essonne, 105 caméras installées
- Sécurité des établissements scolaires : 871 caméras surveillent désormais les collèges de l’Essonne
- L’Essonne renforce la sécurité dans les collèges